« Nous voulons une Sologne belle, libre et sauvage »

Fin juillet 2022, une tribune a été publiée dans la presse pour alerter sur l’engrillagement de la Sologne. Parmi les signataires de cette tribune, François Bonneau, Président de la Région Centre-Val de Loire, et Nicolas Vanier. L’explorateur-réalisateur explique les raisons de son engagement.

L’engrillagement en Sologne est un combat que vous menez depuis de nombreuses années, pourquoi est-il toujours autant d’actualité ?

Mon combat contre l’engrillagement remonte à 1989. Depuis, la situation n’a fait que se dégrader avec de plus en plus de propriétés closes représentant des superficies toujours plus importantes. Malgré les promesses des gouvernements successifs au cours de ces 30 dernières années, nous sommes toujours au même point sur le plan législatif. Dans le même temps, sur le plan moral, le regard sur cette pratique a évolué. Il y a une adhésion très large contre l’engrillagement, y compris du côté des chasseurs. Aujourd’hui, 96 % des Solognots se déclarent contre les enclos de chasse.

Quels sont les enjeux majeurs derrière cette question de l’engrillagement ?

L’engrillagement soulève de multiples problèmes. Sur l’aspect esthétique, l’engrillagement défigure les paysages qui ressemblent à des goulags avec tous ces grillages. Par répercussion, un impact sur le tourisme est à craindre. Ensuite, il y a évidemment une éthique de la chasse contestable puisque les animaux sont dans l’impossibilité de s’enfuir. Abattre 100 à 150 sangliers en un week-end de chasse dans un enclos s’apparente clairement à un carnage. Ces enclos constituent aussi une atteinte à la biodiversité car les cerfs, les chevreuils, les sangliers… ont besoin de plusieurs milliers d’hectares pour se déplacer et favoriser un brassage génétique.

De plus, la concentration de certaines espèces comme les sangliers sur un territoire limité nuit à d’autres espèces. Les oiseaux nicheurs au sol ne peuvent plus se reproduire par exemple. Sans compter que cette concentration de sangliers avec l’importation de bêtes des pays de l’Est accroît le risque sanitaire. En cas de peste porcine, la propagation de la maladie serait accélérée.

Enfin, dans un contexte de réchauffement climatique et de sécheresse, les feux de forêt pourraient se multiplier et l’engrillagement rend la fuite des animaux impossible tout en compliquant l’intervention des pompiers.

 " Aujourd’hui, 96 % des Solognots se déclarent contre les enclos de chasse."

Que mettez-vous en lumière dans votre film « L’école buissonnière » diffusé ce soir ?

« L’école buissonnière » montre une Sologne belle, libre et sauvage telle que tous les habitants souhaitent la voir. Ce film engagé a permis de mettre en lumière le sujet de l’engrillagement et a également mobilisé les acteurs François Berléand et François Cluzet. Ça reste une action parmi d’autres, mais ce film avait déclenché une rencontre avec le président Macron en 2018.