
Le Festival du Film de Demain, « une énergie positive et galvanisante »
Le Festival du Film de Demain (FFD) revient à Vierzon du 4 au 8 juin. Cette 4e édition, présidée par Anouk Grinberg, confirme la place grandissante de ce rendez-vous culturel tourné vers des films qui explorent notre société, son humanité, ses travers, ses espoirs. Un festival soutenu par la Région Centre-Val de Loire, ouvert, généreux, populaire, inclusif qui veut nous faire réfléchir, débattre mais surtout nous divertir. Six films en avant-première, huit en compétition, sept documentaires dont quatre se disputeront un tout nouveau prix, et bien sûr des rencontres fortes. Le réalisateur Louis-Julien Petit, cofondateur du FFD avec Mathieu Petit-Bonnefond et Camille Carteret, nous parle de cette édition 2025.
Depuis son lancement en 2022, le Festival du Film de Demain a rassemblé en trois éditions, à Vierzon, plus de 20 000 spectateurs. Quelle est la recette de ce succès ?
Louis-Julien Petit : On a démarré le projet il y a cinq ans à un moment où la culture, le cinéma n'étaient plus « essentiels ». L’idée du Festival du Film de Demain est née de l’envie première de recréer du lien, de faire revenir les gens dans les salles et de décloisonner. Décloisonner, c’est-à-dire créer des passerelles entre les films d’auteur et les films plus populaires ; créer des passerelles aussi entre les formats de diffusion, en proposant des films unitaires [fictions télé], des long-métrages et des films de plateforme ; et puis des passerelles entre les personnalités de l’audiovisuel, parce qu’il y avait d’un côté le Festival de Cannes, assez élitiste, de l’autre, pour la télé, le Festival de la fiction de la Rochelle, et quasiment rien pour les films de plateforme, à part Séries Mania. Alors on s’est demandé comment regrouper tout ce monde-là, autour d’une thématique : des films avec des sujets de société.
L’idée, c’était donc de défendre la salle de cinéma, de libérer la parole citoyenne, de créer le débat dans les salles, de divertir et de « se reconnaître » autour des sujets de société. Car on pense que les films peuvent être un vecteur pour aider la société civile.
Le Festival du film de demain est un festival engagé, à l’image de votre cinéma…
Faire un film, c’est s’engager. Mais nous, on voulait se divertir dans l’engagement. Souvent, quand on parle de films de société, on pense que c’est triste, mais il y a aussi des comédies, des thrillers, des comédies romantiques… On défend la diversité de genres.
Faire des films populaires et engagés, c’est ce que j’essaie de faire avec mes films mais je ne suis pas le seul. Et là, on pouvait regrouper des réalisatrices et des réalisateurs réfléchissant à la société de demain, se demandant comment la faire évoluer, comment la faire grandir, avec l’écologie, la place de la femme dans la société, les discriminations, le racisme, l’homophobie, la fin de vie, la jeunesse, le mal-être adolescent, etc. En tant que citoyen, comme tout un chacun, on a des questionnements, on a des problématiques dans notre vie pour lesquelles on ne trouve pas de réponse, et les films sont un vecteur pour ça.
On pensait accueillir 250 personnes à la première édition du festival, on en a eu 4 000, puis 7 000 la deuxième, et 10 000 l’an dernier. On n’est donc pas seuls à avoir ces préoccupations ! Des gens posent même des vacances pour participer au festival parce qu’il y a là une énergie galvanisante très positive.
Et ce festival qui réfléchit à la société de demain, il prend racine dans le Berry. Ça aussi, c’est un acte engagé !
J’avais montré mes films Discount et Les Invisibles à Vierzon, je connaissais donc l’exploitant du Ciné Lumière. On cherchait un endroit assez grand dans lequel on puisse montrer une sélection conséquente et faire venir le public, alors cette grande halle – une ancienne usine de tracteurs – avec 7 salles, 1 200 places, un grand parvis verdoyant, en face de la gare, à une heure et demie de Paris… On s’est dit, c’est là ! A l’époque on habitait à une demi-heure de Vierzon, et on a un attachement très fort à la région, ça fait 25 ans que je viens, notamment dans le Cher. On avait envie de remettre la culture dans la ruralité. Et on a réussi à ancrer ce festival dans le paysage audiovisuel des événements culturels importants. Avec des séances à moins de 2,30€, des Pass pour les moins de 20 ans à 20€ ou des séances « pitchoun » gratuites pour le 3-10 ans, on crée du lien et une accessibilité pour tout le monde.
Les associations ont aussi une place particulière dans ce festival.
On propose aux festivaliers d’être acteurs de la société civile en remettant, chaque année, une partie de la billetterie à une association. L’an dernier, c’étaient les Familles de Féminicide, l’année d’avant, les Enfants d’Arc en Ciel, et cette année, on a proposé la création par un artiste d’une fresque sur la fraternité.
On a aussi mis en place le « ticket solidaire », à la manière du « café suspendu » (quand on paie d’avance un café pour une personne démunie). Avec l’association Imanis, foyer de jour pour des personnes en grande précarité, on va récolter des fonds pour payer des tickets de cinéma aux bénéficiaires de l’asso, ils pourront choisir leur film et leur séance avec la personne de leur choix.
Du côté des jeunes, retrouvera-t-on le FFD Challenge, ce concours de réalisation de courts-métrages pour les 18-30 ans ?
Oui bien sûr ! Moi quand j’étais adolescent, j’avais l’impression que, pour faire du cinéma, il fallait faire les grandes écoles. Ici, on propose aux 18-30 ans de filmer librement, avec ce qu’ils veulent, sans forcément de compétences, autour d’un thème. Cette année, c’est celui de l’amour, l’an dernier c’était le consentement, il y a eu l’éco-anxiété... On a reçu cette année une vingtaine de films et on en a sélectionné six, le gagnant ou la gagnante remportera 3 000 euros. C’est beau de voir une boucle de six films réalisés par des jeunes sans contraintes, ça donne une idée de leur vision du monde.
L’actrice Anouk Grinberg préside cette 4e édition. L’actualité a-t-elle guidé ce choix ?
Quand une actrice ou une citoyenne a la parole sur des violences subies, c’est souvent pour un petit temps donné et puis elle est invisibilisée. Au festival, on a voulu célébrer cette liberté de parole et l’encourager pour toutes les autres victimes qui n’ont pas encore parlé. Anouk Grinberg incarne la possibilité de prise de parole pour demain. Et on est extrêmement fiers qu’elle ait accepté.
Côté programmation, quels sont les temps forts de cette 4e édition ?
Je suis très très fier de la programmation. Dans la compétition officielle fiction, sur huit films internationaux il y a sept films de femmes. Ça n’a pas été un choix délibéré mais ce sont simplement de très bons films. Parmi eux, il y a le premier film d’Isabelle Carré [Les Rêveurs], le film de Lola Doillon [Différente], un film produit par Ken Loach…
En avant-première, on a des premières mondiales comme Les Braises de Thomas Kruithof, avec Virginie Efira, une histoire d’amour magistrale sur les Gilets Jaunes qu’il ne faut absolument pas rater ; deux films qui sont à Cannes : Moi qui t’aimais de Diane Kurys [film d’ouverture] et 13 Jours, 13 Nuits de Martin Bourboulon [en clôture].
Et puis on a une nouvelle compétition de documentaires, avec quatre films, et une sélection hors-compétition dont le mien, Les Habitants, sur des maisons partagées où vivent des valides et des non-valides. Ça représente quatre mois en immersion, un moment exceptionnel, avec les mêmes valeurs que le festival, de réciprocité, d’entraide, de partage.
Informations pratiques :
Festival du film de demain, au Ciné Lumière de Vierzon du mercredi 4 au dimanche 8 juin 2025
Pour découvrir toute la programmation, les invités, réserver vos Pass : https://filmdedemain.fr/
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